la tour firamrent

Un an déjà à ne pas avoir mis le bout du masque dehors.
Un corps cybernétique a l'avantage de ne pas réclamer sa ballade quotidienne, sans doute qu'un chien cloné m'aurait forcée à sortir, mais dans des bureaux de 10 m² il aurait fallu en trouver un sacrément petit.

Entre les livraisons de pizzas et de surgelos, la matrice a empli toutes mes journées et le contact avec la chair me manque sévère.

Ce n 'est pas avec le boulot que j'ai en ce moment qu'une escapade n'est pas permise. Le dôme me fait gerber: après toutes ces années passées à l'extérieur, ne pas voir le ciel est difficile. Je me console en me disant que c'est le prix à payer pour ne pas souffrir d'une leucémie comme ça a été mon lot.

Vu les bulletins météo, les balles volent toujours aussi bas dans les rues de cette fin de siècle, alors autant prendre mon vieux superchief et un ou deux barillets; C'est le genre de gun dont on espère ne pas avoir à se servir autrement que pour intimider un boosté : 5 balles c'est pas énorme. En même temps, chaque balle est censée exploser un éléphant alors il suffit de bien les placer.

Ma bonne thundergod démarre au quart de tour, vive les chargeurs permanents. Son Twin avale l'hydro comme aux premiers jours et la bonne odeur de brûlé me rapelle quelque belles parties de chasse dans le désert. Une recherche GPS me donne les coordonnées des bars du quartier, mais comme d'hab, pas le genre de faune qui les fréquente. pas grave, je vais me laisser porter. La ballade est plus importante que le point d'arrivée.

ça par exemple !

Dans son champ de vision, une alarme visuelle venait de clignoter. La console de sa boite était la cible d'une attaque virale. Rien d'extraordinaire jusque là mais cette dernière avait réussi à passer ses pare-feu qu'elle estimait suffisants pour une petite entreprise inintéressante.

Il fallait qu'elle sorte pour que cela arrive, vraiment pas de chance...

pas de chance ? Merde, range ta parano ma fille

Fallait pas exagérer: penser qu'on avait attendu son départ pour lancer cette attaque frisait la parano, mais la parano l'avait déjà sauvée par le passé. Elle ordonna au serveur de se déconnecter du net. Une fois arrêtée quelque part au calme, elle n'aurait plus qu'à passer les prochaines heures à analyser les données récupérées par sa console portable.

C'était tout de même troublant. Plus d'un netrunner s'était trouvé dans la merde pour de vagues incursions, sans même savoir ce qu'il avait pu faire de répréhensible. Jusque là elle avait évité de fouiner trop loin dans les bases de données, après tout le but de son arrivée ici était de démarrer une vie civile (pour autant que cela puisse avoir un sens dans un monde pareil). Sa dernière incursion ne concernait rien de plus passionnant que quelques brevets vaccinaux pour des maladies qui n'intéressaient plus personne, mais elle n'avait pas eu le temps de lire tous les docs non plus à cette heure de la nuit. Elle lancerait une recherche croisée plus tard.

Elle fut tentée de refaire un tour devant l'immeuble, juste pour voir, mais si du monde était sur place, cela ne lui aurait attiré que des emmerdes. Alors autant attendre et faire ce qui était prévu au programme: s'en envoyer une bonne et fumer quelques importées.

Un fixer de sa connaissance pourrait peut être faire le tour de ses contacts pour savoir si quelqu'un avait une raison de fouiner chez elle.

c'était quoi le nom, maldone, mellon, non malone quelque-chose.

Elle ouvrit une fenêtre de comm, et, tout en prenant de l'angle dans la 54ème, demandant à accéder à la messagerie de ce Malone. L'irlandais était autant qu'elle pouvait en juger un type réglo, du genre indispensable, et elle n'avait pas eu à se plaindre du prix qu'il donnait des données qu'elle pouvait lui trouver de temps en temps. Elle n'en était plus certaine, mais elle croyait se souvenir que c'était lui qui lui avait trouvé ce bras de remplacement il y a deux ans maintenant. Si le type ressemblait à son avatar, c'était un solide gaillard au bras artificiel du même genre que le sien.

Son biomoniteur tinta pour lui signaler une dose adrénale en augmentation.

et bien rien de tel qu'une bonne bière pour calmer ça.

La harley n'était pas idéale pour se faire des frissons, mais elle essora les gazs tout de même, délivrant la cavalerie. Le double cylindre bondit et laissa sa gomme sur le béton quand elle força un joli feu orange en remontant la file.

Malone ne devait pas être du genre à répondre à tous les messages qu'on pouvait lui envoyer, le bougre se faisait attendre. Après tout pourquoi pas? Elle relança d'un autre mail:

Rdv possible ? Longe quartier est, en mouvement. Sandcrawler reste en ligne: besoin d'infos plus recherche d'une passe éventuelle pour améliorer l'ordinaire

Par reflexe, elle vérifia d'un geste rapide du poignet que son tranchoir était fonctionnel et donna une petite tape au superchief caché dans le holster de sa robe. Le poids du lourd révolver avait quelque chose de rassurant.

Elle Finit par garer sa thundergod le long d'une rangée de poubelles: elle venait de repérer une base dataterm. Que fait un netrunner quand il ne sait pas quoi faire ? Des trucs de netrunner évidemment.

Sandcrawler s'approcha du terminal et y brancha sa console. pas la peine d'utiliser les laisons satellites pour ça, au contraire. Tout ce qu'il lui fallait c'était un accès aux caméras de son immeuble; la tâche ne devrait pas être si difficile.

allez Malone, réveille toi

La dataterm semblait fonctionnelle en dehors de son état pitoyable: on aurait dit que quelqu'un avait essayé de l'allumer avec une rafale de mitraillette ou quelque chose du genre. Le plus drôle était qu'au final, c'était peut être la moins amochée du périmètre.

Elle câbla sa console en parallèle: un jack sur la term, un sur sa nuque. Elle activa son neuromatériel et partit en plongée.

hrp, vers internet

De retour de plongée, Sandcrawler remarqua un fil de Studio69 traitant d'une action du c-swat à l'ouest de la ville.
Elle avait fait ce qu'elle pouvait pour ignorer ses programmations depuis 3 ans mais l'appel était un peu trop fort pour y résister.

Si le swat était descendu, un cyborg était impliqué dans des heurts. Quoi qu'il découle de tout ça, elle aurait sans doute des infos à glaner et à revendre. Elle programma son gps sur l'adresse donnée et continua à surveiller les informations.

Son corps semblait revivre: elle se surprit à vérifier par réflexe l'état des articulations et une routine de vérification des ses broches et logiciels partit sans qu'elle se souvienne en avoir donné l'ordre. C'était comme si elle repartait sur un raid, comme si elle renaissait.

hrp, quartiers ouest, le repos de la guerrière